Il serait presque inutile de la décrire tant elle est commune et connue. Tous les enfants ont joué un jour ou l'autre avec elle pour réaliser de beaux bouquets champêtres ou pour en faire des couronnes. Et pourtant, pouvons dire que cela suffise à la connaitre vraiment? Elle incarne elle aussi parfaitement le fait que c'est bien souvent dans les choses les plus anodines que se cachent les plus grands des trésors.
Même dans son nom il faudrait se méfier des apparences...
Son nom commun, pâquerette, fait référence au fait qu'elle commence à pousser vers la pâques , mais en y regardant de plus près, sa floraison est bien plus étalée puisque nous pouvons la retrouver en fleur tout au long de l'année . A moins que ça ne vienne de "pasquier" en ancien français qui signifie les pâturages en référence à ces zones de pousse de prédilection. La notion de pérennité sera retrouver dans son nom latin , bellis perennis, le plus communément traduit par "beauté éternelle" (du latin "bellus", la beauté). Mais encore une fois attention, car là encore il peux y avoir ambiguïté car bellis pourrait aussi se rapprocher de bellum qui signifie " la guerre" ou encore à Belenos, dieux de la mythologie celtique (dieu associé au soleil : Le Brillant, brûlant, resplendissant, éclatant). Le petit tour d'horizon que je vous propose permettra , je l'espère, de creuser davantage les apparences pour quitter la vision " à ras les pâquerettes"!
Petite astéracée vivace des champs, elle forme des inflorescences solitaires perchées sur une section ronde et pubescente.
Ce qui passe pour être sa fleur est en fait un capitule de fleurs:
_ celles qui bordent la périphérie forment une corolle allant du blanc au rose purpurin et sont des leurs femelles
_celles du centre forment un cœur jaune d’or et sont soit hermaphrodites, soit mâles
Vous pourrez constater l'incroyable symétrie de cette floraison, ça a de quoi laisser rêveur..
Elle possède des feuilles simples, oblongues, légèrement crénelées, uninervées et toujours disposées en rosette.
Elle à la capacité de se fermer la nuit ( ou en cas d'intempérie) et de se ré ouvrir le jour ( ou quand le soleil reviens). Ce phénomène s'appelle la nyctinastie et permettait aux anciens de prédire une averse dans les campagnes.
La pâquerette est pour le moins rustique et forme des touffes denses dans les zones en déperdition de calcaire où elle restitue au sol la chaux dont il vient à manquer.
Elle pourrait être confondue avec la pâquerette des bois, à la floraison plus automnale et au port plus robuste, la pâquerette hispide ou annuelle, la pâquerette des muraillesou à l’aster fausse pâquerette. Les deux premières sont surtout présentes dans le sud de la France ou en corse, limitant les zones de confusions. L'aster est, quand à elle, une plante davantage de montagne ( elle est commune dans les Alpes)où on peut la retrouver jusqu’à 2000 m. Comme différence notable on regardera le limbe de la feuille qui se rétrécie étroitement à sa base, et ses fruits qui porte des pappus, à la différence de notre bellis perennis qui n’en ont pas. La pâquerette des muraille possède des tiges très ramifiées rendant improbable toute confusion.
Toutes sont comestibles mais il conviendra de se penchez davantage sur la botanique pour le médicinal en cas de doute. Attention aussi aux nombreux cultivars qui n’ont pas les mêmes propriétés.
Bien que grande oubliée de la pharmacopée moderne, elle n’en possède pas moins des propriétés notables qui lui ont values ses heures de gloire dans le passé :
-expectorante et adoucissante ORL et bronchite
-vulnéraire
-rééquilibrant du calcium
- astringente et hémostatique
Ses feuilles et ses fleurs fraiche, écrasées, calme les douleurs des contusions et entorses et soigne les blessures. Les romains en ont fait une grande utilisation dans leur champs de bataille ( d'où peut-être "bellum"?)
En macérat huileux on la conseillera pour les torticolis ou en huile de soin pour raffermir les tissus qui ont vieillis où qui ont été étirés (seins après l’allaitement, ventre après la grossesse…). Elle peut aussi servir en application sur les reins pour favoriser l’allaitement.
En infusion elle calme les toux et les bronchites
Si on prend le temps de redresser notre regard pour adopter une vision plus d'ensemble de la pâquerette, on contacte qu'elle fleuris dès les premières belles journées et, en cela, marque un changement profond dans l'année dans la fin des jours sombres vers les jours lumineux. C'est dans ce contexte qu'elle peut être rapprochée du Dieu Belenos, traditionnellement honoré le 1er mai, lors de la fête de Beltaine ou "Beltene" en Irlande, c'est-à-dire "les feux de Bélénos". Elle marque la jeunesse, le renouveau et ainsi le printemps.
C'est une plante qui m'apparait comme d'une touchante proximité avec les femmes et les enfants ( outre sa capacité de soigner les blessures de guerre) . Il n'y a qu'a observer l’engouement des enfants à les cueillir dès qu'elles pointent le bout de leurs nez, et les nombreux bienfaits qu'elle procure aux femmes en remise de couche. Ce rapport se retrouve dans différentes mythologies.
Une légende nordique voudrait que les enfants morts en couche dispersent des pâquerettes sur la terre pour consoler leurs parents affligés.
Dans les textes bibliques la pâquerette est rattaché à la vierge marie ( ou marie madeleine selon les écrits), ainsi, elles seraient nées des larmes de Marie Madelaine lorsqu'elle ne trouva plus le christ dans sont tombeaux, ou encore, une anecdote raconte qu'a la naissance du christ, un jeune berger n'ayant rien de plus qu'une pâquerette la lui offrit ; le christ la baisa et c'est depuis qu'elle porte un cœur jaune soleil et que ses pétales sont teintés de rose.
Pour terminer cet article, on notera que dans le nord de l'Angleterre, les paysans jugent de l'avancée de l'année à l'apparition de notre fleur, disant que: "le printemps n'est arrivé que lorsque
vous avez mis le pied sur douze pâquerettes."
A bon entendeur!